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la terreur en macédoine

En même temps, de lourdes barres de fer glissent en grinçant. Une serrure compliquée craque avec un bruit de déclic. La porte s’ouvre, lentement, comme à regret.

Nikéa la pousse et, avec un geste d’indicible autorité, fait signe aux patriotes d’entrer. Ils s’engouffrent avec une précipitation bien naturelle dans l’étroite ouverture…

Nikéa la dernière y pénètre, juste au moment où, sacrant, hurlant, gesticulant, arrivent les brigands et Marko ! D’un geste violent, la jeune femme repousse la porte qui se referme avec son fracas de tonnerre. Puis, avec son magnifique sang-froid, elle fait glisser les barres et les verrous.

Elle se trouve en face d’un vieillard gigantesque, à peine courbé par l’âge. Blanc comme neige de barbe et de cheveux, les yeux ternes, les dents usées, un burgrave !

Il la regarde avec une sorte d’effroi superstitieux et tend vers elle ses mains noueuses, sur lesquelles font saillie les arborescences des veines. Et ce vieux, qui fut un brigand impavide, un homme de sang, ignorant la crainte et la pitié, tremble devant elle. Et pendant qu’elle darde sur lui un regard de dompteuse, les patriotes se mettent, à tout hasard, en défense. Comme si chacun craignait de rompre le charme, nulle parole n’est prononcée.

Les carabines passées en bandoulière s’enlèvent en un clin d’œil, et l’on entend le craquement des baïonnettes vivement assujetties à l’extrémité des canons.

Chose étrange, la forteresse paraît presque déserte, du moins à première vue. On aperçoit seulement