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la terreur en macédoine

seule commande ici désormais… le bey est impuissant contre toi… contre tous… sa volonté doit céder devant la mienne… Va ! »

Il se retire à reculons, l’œil vague, pendant que deux patriotes, l’arme au pied, prennent la faction derrière la porte de fer sur laquelle s’escrime à tour de bras Marko le Brigand !

Les autres habitants de la forteresse aperçoivent Nikéa et la reconnaissent aussitôt.

« C’est elle !… c’est l’envoyée de Dieu !… »

Elle leur sourit, leur parle doucement, et tâche de les rassurer, pendant que les patriotes, baïonnette au canon, parcourent au pas gymnastique l’esplanade bordée de maisons pour la plupart désertes. Malgré son habituel sang-froid, Joannès est absolument stupéfait par cette étrange succession d’événements. Il résume d’un mot la situation à ses compagnons non moins ébahis et ravis :

« Pour l’instant, la sécurité me semble complète.

— Oui, répond un de ses hommes, et cela tient du prodige.

« Nous sommes les maîtres d’une forteresse imprenable, et pourvu qu’il n’y ait pas quelque entrée cachée communiquant avec le dehors, nous pouvons soutenir un siège.

— Tu m’y fais songer, Démètre.

« L’an passé, avec Panitza et mon pauvre Michel, nous avons pénétré ici par un souterrain qui s’ouvrait non loin du chemin d’accès. Il débouchait près du précipice qui borde l’esplanade.

« Viens avec moi et cherchons cet orifice. »

Nikéa se trouve au milieu des femmes et des enfants qui la contemplent avec une crainte respec-