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la terreur en macédoine

sulmans. Mais la plupart sont des immigrés venus à la suite des conquérants d’Asie, les soldats turcs d’Achmet et d’Amurat.

Depuis cette époque lointaine, leur nombre s’est accru en proportion de celui des vaincus, mais la fusion ne s’est jamais faite.

La conquête fut longue, sanglante, désespérée. Les vaincus n’en ont jamais oublié les horreurs, et n’ont jamais cessé, à travers les générations, de pleurer leur liberté perdue. La lutte avait duré près de cent ans !

Écrasés en 1389, à Kossovo, par les Turcs, les Serbes, les premiers virent sombrer leur indépendance. Puis, en 1448, ce fut encore à Kossovo, où Jean Hunyade, à la tête des confédérés autrichiens, hongrois et valaques, éprouva une terrible défaite. La bataille fut effroyable, dura du 17 au 19 octobre, et cent mille hommes y périrent.

C’en était fait de l’indépendance des pays slaves, si un jeune héros ne s’était levé dans ces montagnes d’Albanie où agonisait la résistance. C’était Scanderberg, l’immortel Georges Kastrioti, prince d’Albanie.

À la voix enflammée du grand patriote, les hommes accoururent, les troupes se levèrent, les armées s’improvisèrent. Et la lutte recommença, plus acharnée que jamais. Et pendant vingt-deux ans, Scanderberg battit les Turcs, les fit reculer et parfois mit leurs armées à deux doigts d’un désastre.

Il mourut en plein triomphe, en 1467, et son œuvre ne put lui survivre. Quand sa « voix d’airain » eut cessé de rugir l’appel de liberté, tout sombra ! Le Turc était le maître incontesté des pays situés au-dessous du Danube.