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la terreur en macédoine

empêchaient toute révolte et assuraient la conquête.

Et cela dura de longues années, puis des siècles, en se généralisant et en s’aggravant s’il est possible. L’Albanais rapace et cruel se donna de l’espace et vint jusqu’au Danube où il improvisa de nouveaux clans, — phars, — victimes de nouvelles exactions. Il fut la terreur de cette région jusqu’au jour où la constitution de la Serbie et de la Bulgarie en États autonomes le rejeta sur la Macédoine. Il y règne encore en souverain maître, du moins dans le Centre et le Nord, où la plaine de Kossovo est son lieu d’élection.

Cependant, la Turquie a organisé son pouvoir et créé dans tous les pays des circonscriptions administratives. Elle a institué des vilayets gouvernés par des valis, personnages importants et décoratifs dont la nomination est réservée au sultan. Chaque vilayet se partage en sandjaks ou arrondissements commandés par des moutessarifs également choisis par Sa Majesté. Le sandjak à son tour se divise en kazas, ou cantons, dont le chef est un kaïmakan. Le kaza se subdivise enfin en moudirs ou communes, qu’administrent les mouktars, maires, élus par les habitants et dont l’autorité a pour soutien ou correctif un conseil d’anciens.

C’est, en somme, à peu près notre organisation départementale, depuis la préfecture jusqu’à la commune, sauf l’échelon administratif cantonal. Mais avec cette différence que les vilayets ont une immense étendue, puisque, tant en Europe qu’en Asie, la Turquie n’en comprend que trente-cinq et que le pouvoir des valis est absolu.

Cette organisation est superbe en théorie. Malheu-