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la terreur en macédoine

bondamment au flanc droit. Il regarde, voit la peau longuement tranchée, comme par un coup de sabre, et murmure :

« Qu’est-ce que cela signifie ? »

Les Albanais de Marko sont pourvus de la grande selle orientale, avec le large étrier à planche plate, qui emboîte le pied et s’attache très haut. Ces étriers, carrés en avant et en arrière, coupent à leurs angles et peuvent entailler profondément la peau. Aussi, bon nombre de cavaliers orientaux ne portent pas d’éperons et se servent de l’étrier pour diriger, châtier ou exciter le cheval.

Et Marko reprend, tout intrigué :

« Peut-être un coup d’étrier…

« Cependant un cavalier de race… comme Nikol, n’eût pas ainsi mutilé sa bête !

« Alors… quoi ?… comment ! complices ?… Oh !… savoir la vérité !… »

Brusquement il croit entendre à travers les roseaux quelques froissements suspects. Il saisit sa carabine et fait feu dans la direction du bruit.

« Puis il commande :

« Pied à terre, et feu ! à votre tour… feu sans relâche ! »

Les Albanais aiment la poudre pour le bruit, pour la fumée, pour le feu, comme de grands enfants turbulents. Et l’ordre du chef les enchante. Ils empoignent leur martini et se mettent à tirailler sans relâche.

Les détonations éclatent, assourdissantes, et se répercutent au loin, sur les flots. Des éclairs rouges rayent le crépuscule et un nuage gris flotte sur la berge. Les balles font jaillir l’eau avec des plouf !