Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
la terreur en macédoine

ner à Salco où les autres… les survivants, nous attendent… prêts aussi à marcher ?

— Non ! plus tard… Pour, le moment, il faut apprendre où est Marko… savoir s’il est retourné dans sa forteresse… et chercher les moyens de délivrer Nikéa, ma chère femme !

— Mais tu es blessé ! les crocs du maudit lucerdal ont cruellement déchiré ton épaule… Veux-tu que je panse ta plaie, que je la lave…

— Oh ! elle a été baignée en grand, tout à l’heure… le sang se sèche et ça forme emplâtre… le meilleur des pansements !… et puis s’il fallait s’arrêter ainsi pour un bobo, on n’avancerait jamais.

« En avant donc, mes amis !

— En avant ! la route est longue, et nous avons le temps de sécher.

— Ah ! j’oubliais le principal : tu dois mourir de faim… tiens, mon bissac est bourré de provisions… avec une bonne bouteille d’eau-de-vie pour te réchauffer.

— Vous pensez à tout ! Quels soldats vous faites déjà ! »

En hommes auxquels la route est familière, ils s’enfoncent dans le lit desséché dé l’autre ruisseau, le torrent qui monte vers les montagnes dont les premiers contreforts ne sont guère éloignés.

Joannès dévore à belles dents le pain, et fait descendre avec une goutte d’eau-de-vie les morceaux vaillamment triturés. Le voilà bientôt rassasié, puis ragaillardi, prêt à répondre aux questions de Michel.

« Un triste retour, après une si longue absence, n’est-ce pas, chef… laisse-nous t’appeler ainsi… cela nous fait plaisir !