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la terreur en macédoine

sautent à terre et, bien dissimulés derrière leurs montures, ils avancent pas à pas vers les trois partisans.

« Ne tire pas et laisse-moi faire ! » dit à voix basse Joannès à Michel.

Les gendarmes tiennent leurs bêtes par la bride. Ils se courbent derrière l’encolure et l’épaule et décrivent un demi-cercle. Ils pensent ainsi pouvoir aborder le lit du torrent, qui forme la meilleure des tranchées-abris.

« Les imbéciles ! » s’écrie Joannès avec un rire effrayant.

— Tu crois ? demande Panitza, spectateur passif, mais très empoigné parce drame mortel.

— Tiens ! regarde plutôt. »

Le premier cheval, gabion vivant, n’est qu’à cinquante pas. Joannès vise avec soin l’encolure, un peu au-dessus du poitrail, et doucement serre la détente de son martini,

Puis il ajoute froidement :

« Tant pis pour le cheval ! mais je dois faire coup double. »

Oui, c’est vrai ! un coup double effrayant.

Sans un cri, sans un râle, sans un soubresaut, le cheval tombe sur place, les quatre jambes écartées, foudroyé. La balle pulvérise la colonne vertébrale, hache la moelle épinière, traverse l’encolure comme une planche de sapin.

Elle rencontre la tête de l’homme, coupe la base du tarbouch au niveau de la tempe, se faufile dans la cervelle et fait éclater le crâne.

« Ils ne sont plus que deux ! hurle Panitza.

— Et ils n’en mènent pas large ! » renchérit Michel.

Ahuris, terrifiés, les deux survivants n’osent plus