Page:Boutmy - Études politiques.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’infini ou l’immortalité, qui ne sont que des nécessités du langage, et n’existent que par lui. Rien ne nous oblige à croire que la pensée ait des nécessités pareilles. Quoi qu’il en soit, nous ne cessons pas d’ajouter au mot bon d’autres attributs qui le complètent et le précisent. Cette bonté est naturelle ou acquise, sentimentale ou raisonnée, faible ou maîtresse de soi. Nous accumulons ainsi, dans le second membre, des prédicats qui se modifient les uns les autres, et nous en arrivons bien vite à ce qu’ils forment une confusion qu’on ne peut dépasser, tout en restant bien loin de la réalité qu’il faudrait rendre. Que si enfin nous passons à une autre catégorie de jugements, celle dont le premier membre est constitué par une abstraction, le second étant constitué aussi par plusieurs prédicats absolus, la proposition ne contiendra plus rien de concret ; et nous voilà transportés bien loin de tout objet réel. Ici, plus de contre-épreuve possible. Il ne faut pas songer à retraduire en langage concret une abstraction dont on veut préciser le sens : la tentative échouerait. On fait mieux, après tout, de se fier à cette