Page:Boutmy - Études politiques.djvu/195

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cours du temps. Il commençait par prendre un papier d’une grande largeur qu’il divisait en autant de colonnes qu’il y avait de pays ou de groupes de pays. Il marquait, dans chacune de ces colonnes, les événements de quelque poids qui pouvaient avoir exercé une influence. Ces événements étaient portés à leur date, j’entends à leur date précise, par exemple, « le 18 juillet 1795, dans la matinée », et ils figuraient seuls sur une ligne laissée vide dans les autres colonnes. Ainsi, l’ordre des faits devenait quelque chose de sensible et de palpable. On n’a jamais pu, que je sache, reprocher à Sorel une interversion de dates, ou, ce qui est plus grave, un rapport de filiation établi à faux entre deux événements. Ces erreurs ou ces méprises étaient contredites, écartées d’avance par ce tableau des temps, exact et précis jusqu’au jour et à l’heure. L’homme qui, afin de bien savoir, s’astreint à ce travail fastidieux de classement, a été de tout temps un personnage rare par ce simple procédé de notation : l’historien révèle déjà sa présence. Cette précaution prise, la besogne n’était pas