Page:Boutroux - La Monadologie.djvu/168

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ment sont nécessaires et leur opposé est impossible, et celles de Fait sont contingentes et leur opposé est possible. Quand une vérité est nécessaire, on en peut trouver la raison par l’analyse, la résolvant en idées et en vérités plus simples, jusqu’à ce qu’on vienne aux primitives (§ 170, 174, 189, § 280-282, § 367. Abrégé object. 3).

34. C’est ainsi que chez les Mathématiciens, les théorèmes de spéculation et les canons de pratique sont réduits par l’analyse aux Définitions, Axiomes et Demandes.

35. Et il y a enfin des idées simples dont on ne saurait donner la définition ; il y a aussi des Axiomes et Demandes, ou en un mot, des principes primitifs, qui ne sauraient être prouvés et n’en ont point besoin aussi ; et ce sont les Énonciations identiques, dont l’opposé contient une contradiction expresse (§ 36, 37, 44, 45, 49, 52, 121-122, 337, 340-344).

36. Mais la raison suffisante se doit trouver aussi dans les vérités contingentes ou de fait, c’est-à-dire, dans la suite des choses répandues par l’univers des créatures où la résolution en raisons particulières pourrait aller à un détail sans bornes, à cause de la variété immense des choses de la Nature et de la division[1] des corps à l’infini. Il y a une infinité de figures et de mouvements présents et passés qui entrent dans la cause efficiente de mon écriture présente ; et il y a une infi-

  1. Division, et non pas seulement divisibilité. La divisibilité suppose encore que l’agrégation actuelle des parties à quelque réalité. Pour Leibnitz, qui n’admet d’autres substances véritables que les monades spirituelles, l’agrégation des parties n’a aucune réalité. Elle n’est autre chose qu’une vue confuse de telle portion de l’univers. Le fait qu’un corps nous apparaît comme un tout est une pure illusion de notre sensibilité. Pour un entendement comme celui de Dieu, qui voit les choses telles qu’elles sont il y a actuellement du « distingué » partout, à l’infini.