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se remarque dans l’inertie naturelle des corps[1] (§ 20, 27-30, 153, 167, 377 et suiv.).

43. Il est vrai aussi qu’en Dieu est non seulement la source des existences, mais encore celle des essences, en tant que réelles, ou de ce qu’il y a de réel dans la possibilité[2]. C’est parce que l’entendement de Dieu

  1. Cette dernière phrase (à partir de cette imperfection) figure, contée par Leibnitz lui-même, dans la première copie de la Monadologie, et ne se retrouve pas dans la seconde. Comme la première copie paraît avoir été revue et augmentée par Leibnitz, même après la confection de la seconde (Voy. notre Avant-propos), cette phrase doit être admise dans le texte définitif.
  2. S’il ne s’agissait que de l’idée des possibles, la simple idée d’un Dieu capable de produire les possibles suffirait pour en rendre compte. L’idée pure et simple des possibles ne suppose pas l’existence même de la source des possibles (Voy. lettre II à M. Bourguet, édit. Erdmann, p. 719 a). Mais il n’en est pas de même de la réalité des possibles. Celle-ci doit être fondée, dit Leibnitz, dans quelque chose de réel et d’existant. Ce qu’il y a de réel dans le possible, c’est la tendance ou prétention à l’existence. Dépouillé de cette tendance, le possible n’est plus qu’une idée, une conception, et il trouve sa raison suffisante dans une cause idéale mais il n’en est pas de même d’un possible qui fait effort pour exister. L’effort qui se rencontre dans ce possible doit, à son tour, être expliqué. Or, tant qu’il s’agit d’un possible imparfait, on ne trouve pas en lui le moyen d’expliquer pourquoi il possède une telle propriété. Déjà Descartes constatait a posteriori qu’un être imparfait comme l’homme n’est pas lui-même cause de son existence, puisqu’il ne possède pas toutes les qualités dont il a l’idée, qualités qu’il n’aurait pas manqué de se donner s’il s’était donné l’être. Leibnitz proclame, a priori, que seule la perfection absolue mérite par elle même d’exister et rend compte de la tendance à exister qui peut se rencontrer dans les êtres imparfaits (Voy. Sup., p. 82).