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DE LADY AUDLEY

« Je ne vous comprends pas, monsieur, dit-il avec calme ; et je vous donne ma parole d’honneur que je suis cuirassé contre les fascinations de milady. Elle sait cela aussi bien que moi. »

Lucy Audley fit une petite moue avec ses jolies lèvres.

« Bah ! vous êtes ridicule, Robert, s’écria-t-elle, vous prenez tout au sérieux. Si j’ai pensé que vous étiez tant soit peu trop jeune pour un neveu, c’était seulement dans la crainte des absurdes commérages des étrangers, non de quelque… »

Elle hésita un instant, et échappa à conclure sa phrase par l’intervention à point nommé de M. Dawson, son dernier maître, qui entra dans la chambre pour faire sa visite du soir, pendant qu’elle était en train de parler.

Il tâta le pouls du malade, adressa deux ou trois questions, déclara une amélioration constante dans l’état du baronnet, échangea quelques lieux communs avec Alicia et lady Audley, et se disposa à quitter la chambre. Robert se leva et l’accompagna à la porte.

« Je veux vous éclairer dans l’escalier, dit-il, en prenant une bougie sur une des tables, et l’allumant à la lampe.

— Non, non, monsieur Audley, ne vous dérangez pas, je vous en prie, supplia le chirurgien, je connais très-bien mon chemin, en vérité. »

Robert insista ; et les deux hommes quittèrent ensemble la chambre. Comme ils entraient dans l’antichambre octogone, l’avocat s’arrêta et ferma la porte derrière lui.

« Voulez-vous fermer l’autre porte, monsieur Dawson ? dit-il, en indiquant celle qui ouvrait sur l’escalier. Je désire avoir quelques minutes d’entretien particulier avec vous.

— Avec grand plaisir, répliqua le chirurgien, con-