Page:Breton - Un peintre paysan, 1896.djvu/201

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fois aux moments de repos, puis s’animant, jetant par éclairs les joies ou les colères de son cœur et de son génie, au contact des beautés et des laideurs de ce monde.

Adorateur du Beau, il avait de violentes indignations, et c’est ce qui a fait croire parfois à un manque de cœur : or, rien de plus faux que cette interprétation.

Manquer de cœur ! toi, ô Maître ! Nous protestons, nous qui ne pouvons nous rappeler sans que des larmes nous viennent aux yeux, ta généreuse chaleur communicative !

Il n’était nullement jaloux ; il avait un très grand plaisir à pouvoir admirer, et aimait à se sentir gagné par la tendresse.

Un sentiment de pudeur exagéré l’a toujours empêché de fondre sa personnalité sensitive dans ses œuvres trop désintéressées de lui-même. Regrettable réserve ! Quelles pages nous aurions eues de divines émotions ! Il suffit, pour en deviner les douceurs, de lire quelques échappées de confidences comme le Manchy et le Bernica.

Mais s’il la fuyait trop souvent pour lui-même, il m’a affirmé plusieurs fois qu’il aimait beaucoup la tendresse chez les autres.

J’ai dit quelle bienveillance il m’a témoignée dès les premiers instants de notre connaissance, je dois ajouter que sa bonté ne s’est jamais dé-