Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/33

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il le prouva bientôt en soutenant énergiquement un plan de réforme qui dépassa de beaucoup les espérances des plus confiants ; ses ministres gardaient rancune à Charles X de l’assistance morale que la France avait prêtée à l’empereur Nicolas dans sa guerre contre la Turquie, et à M. de Polignac de sa persistance dans l’expédition d’Alger, malgré l’opposition de l’Angleterre ; ils ne voyaient pas sans quelque satisfaction l’intimité entre la France et la Russie s’en aller à vau-l’eau, et n’étaient pas sans espérance d’obtenir de notre nouveau gouvernement l’abandon d’une conquête qui n’était pas son ouvrage. Le général Baudrand fut donc très bien reçu, et, comme il n’avait à enfoncer qu’une porte ouverte, son savoir-faire ne fut pas mis à forte épreuve.

Les trois grandes cours du Nord devaient être plus difficiles à manier. Restées implicitement dans les termes de la Sainte-Alliance, même en face de la Restauration, notre coup de tête ne pouvait guère que resserrer leur intimité. Ce n’est pas qu’elles eussent vu de bon œil les projets de Charles X : tout au contraire, elles ne lui avaient épargné ni les bons conseils, ni les avertissements salutaires ; elles ne s’étaient pas fait faute de lui déclarer qu’il