Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/40

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été autrement si nous nous en étions mêlés pour tout de bon.

Tandis que le roi, de concert avec nous chétifs, s’appliquait ainsi à régler peu à peu la situation, deux énormes tuiles lui tombèrent tout à coup, et coup sur coup, sur la tête, je veux dire deux catastrophes, l’une imprévue, l’autre, par malheur, facile à prévoir.

Le 17 août, quinze jours après le 11, c’est-à-dire après l’avènement de la royauté nouvelle, le dernier des Condé, le duc de Bourbon, fut trouvé mort dans sa propre chambre, dans ce même château de Saint-Leu où, la veille des ordonnances, il avait festoyé le duc d’Orléans ; où, le lendemain de notre victoire, il avait reconnu et félicité le roi des Français.

Rien ne faisait présager un tel événement. Le duc de Bourbon s’était couché à son heure ordinaire aucun bruit n’avait interrompu, dans le château, la tranquillité de la nuit. Le matin, son valet de chambre, trouvant sa porte fermée en dedans et n’obtenant point de réponse, quelque haut qu’il criât, quelque fort qu’il frappât, se décida à faire enfin enfoncer la porte. « Le premier coup d’œil qui s’offrit aux yeux des assistants fut le