Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/64

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Bénévent, de fabrique impériale, travailler ouvertement à la chute de l’Empire, en face de l’empereur, qui l’en accusait, avec sa grosse voix, en pleine cour ; puis accueillir, à leur entrée dans Paris, les monarques vainqueurs, offrir son propre hôtel à l’empereur Alexandre, avec une hospitalité quasi souveraine, imposer le rétablissement des Bourbons, dicter les conditions de la Charte ; puis, évêque défroqué, devenir premier ministre du roi Très-Chrétien ; puis, ex-grand électeur de l’Empire, siéger à ce congrès de Vienne où se partageaient les dépouilles de cet empire, y rompre à moitié l’alliance des vainqueurs ; puis, à la nouvelle du débarquement de Cannes, renouer le faisceau de cette alliance, et marchant, sinon à sa tête, du moins sur ses pas, détrôner pour la seconde fois l’empereur, et placer, pour la seconde fois, la couronne sur la tête de Louis XVIII ; puis, de nouveau tombé en disgrâce, mais demeuré titulaire de la plus haute des charges de cour, travailler quinze ans à s’en relever, comme pour s’entretenir la main, sans succès il est vrai, mais sans relâche, et comme attendant le moment où, survivant encore une fois à son œuvre, il lui serait donné de porter en terre, dans la personne de nos rois restaurés, l’en-