Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/72

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promis dans la préparation des fatales ordonnances, il était clair qu’une élimination devenait indispensable et naturellement tombait à ma charge. Je l’entrepris fort à contre-coeur, dans l’intention bien sincère de la réduire aux strictes limites de la prudence et des convenances, en maintenant sur pieds tous les gens de métier, toutes les têtes à perruques, tous les plumitifs dont la profession et la propension est de dépouiller des dossiers, et d’entretenir, si j’ose ainsi parler, le pot-au-feu des affaires courantes.

Mais ce fut là ma première bataille. Autant de titulaires maintenus, autant de retranché sur les vacances à pourvoir ; les sièges au conseil d’État étant réputés de friands morceaux, chacun de mes confrères au ministère avait sa clientèle de prétendants, chacun desquels avait, pour son compte, des raisons à faire valoir contre l’un ou l’autre de ceux que j’entendais maintenir, raisons sinon plus solides, du moins plus spécieuses que les miennes, l’équité, la modération, le ménagement des droits acquis et des positions faites n’ayant guère beau jeu en révolution.

Je fus donc souvent ou, pour tout dire, habituellement battu sur ce terrain, dans l’intérieur du