Page:Brongniart - Plans du Palais de la Bourse de Paris et du cimetière Mont-Louis.djvu/15

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toujours pour un homme habile) l’objet de ce monument. Ôter aux édifices leur caractère, c’est réduire l’architecture à un métier dans lequel il ne s’agira plus que de suivre des proportions établies. M. Brongniart sentoit que l’architecture n’en étoit pas réduite à cette nullité d’expression, à cette monotonie de style ; qu’il ne suffisoit pas de faire un monument régulier, mais qu’il fallait encore qu’il indiquât son objet. Parmi les moyens qu’il avoit adoptés pour caractériser le palais de la Bourse, les uns s’appliquent à l’ensemble, et les autres aux détails. L’ordre ionique étoit assez ordinairement employé par les Grecs dans les monuments qui, sans être consacrés aux plus grands dieux ou aux plus grandes choses, étoient cependant destinés à des dieux, des hommes ou des choses d’un rang élevé ; cet ordre convenoit donc à un palais où se traitent les affaires les plus importantes du commerce d’un grand empire, cette source de prospérité et de richesses ; il contribuoit à donner au monument le caractère général qui lui étoit propre. Des raisons puissantes, que nous avons exposées plus haut, l’ont forcé de changer cette première ordonnance : c’est à regret qu’il a fait ce changement, et que nous le lui avons vu faire.

Les caractères de détails consistent dans les ornements particuliers du chapiteau, dans les monnoies placées en ornements, et enfin dans un bas-relief régnant sous le péristyle de la facade.

La pureté des principes qu’on doit suivre dans un bâtiment de ce genre, édifice public et sérieux, ne permet guère d’altérer la composition admise pour le chapiteau corinthien ; M. Brongniart le sentoit, et ce n’étoit qu’avec une sorte d’hésitation qu’il avoit proposé d’y faire entrer des cornes d’abondance. Il attendoit à ce sujet les observations des gens de l’art, et étoit disposé à admettre ou rejeter ces ornements suivant l’opinion qu’ils auroient manifestés.

Il ne restoit donc plus que les médailles de la frise, au-dessus des arcades du rez-de-chaussée, sous le péristyle, et le bas-relief.

Il regardoit ces idées comme heureuses, et y tenoit beaucoup.

Ces médailles doivent présenter la collection des principales monnoies de tous les peuples commerçants. Rien ne peut mieux caractériser l’édifice de la Bourse et le siège du Tribunal du commerce : ces ornements, assez volumineux pour être très-distincts, ont en même temps l’avantage d’être réellement instructifs. Le grand bas-relief, placé sous le péristyle de la facade au-dessus des portes en arcades, doit représenter les principales opérations du commerce ; l’esquisse en avoit été composée, et même exécutée en petit par Chaudet, un des plus célèbres statuaires de ce siècle ; un de ceux qui, par ses compositions spirituelles et simples, par