Page:Bru - De l’indigestion chez les grands ruminants.djvu/24

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mauvais et plus facilement même que les mauvais, à cause des excitations plus vives qu’ils produisent sur l’appétit. C’est pourquoi les fourrages verts déterminent si souvent de graves météorisations. Parmi ces fourrages, les plus actifs dans leurs désastreux effets sont la grande luzerne (medicago satina) vulgairement appelée sainfoin dans le midi, et le trèfle de Hollande ou trèfle des près (trifolium pratense). Le trèfle incarnat est bien moins dangereux, et d’ailleurs il est généralement donné à l’étable ; il en est de même de l’esparcette.

Les propriétés spéciales de ces plantes viennent ajouter leurs effets à l’action de leur masse et quelquefois même remplacer complètement cette action. Il n’est pas rare, en effet, de voir des bœufs fortement météorisés avant d’avoir ingéré, soit en trèfle, soit en luzerne, le quart de leur ration journalière. Cependant il est aussi des cas où ces animaux peuvent prendre une bonne ration de ces mêmes fourrages avant d’en être incommodés. D’où vient cette différence ? D’abord de l’état du sujet, en second lieu des conditions dans lesquelles se trouvent ces aliments.

Il est incontestable que les animaux conduits à jeun dans les pâturages se météorisent très-vite à cause de la rapidité avec laquelle, par suite de leur appétit, ils absorbent les herbes savoureuses qui sont sous leurs pas.

Mais l’état même des fourrages à une influence non moins malheureuse. Il est de remarque, en effet, que la dépaissance est surtout à craindre lorsque les herbes sont mouillées par la pluie ou par la rosée, parce que, dans ces conditions, les fermentations s’établissant plus lentement dans la