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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

quable parti en faisant contraster les sinistres harmonies du meurtre et les refrains légers des compagnes de Gwendoline.

L’épithalame qui suit est un morceau d’ensemble de toute beauté. Très religieusement, les voix s’élèvent, encadrant une superbe phrase d’Armel, atteignant à une puissance sonore incomparable et retombant solennellement en accords longs et calmes. C’est une maîtresse page qui suffirait à l’honneur d’une œuvre. Mais, avant de laisser ensemble les deux époux, le père donne à sa fille épouvantée le couteau dont elle devra tuer Harald.

Restée seule avec le Danois, alors que celui-ci vient à elle, les bras ouverts, Gwendoline veut le chasser et le faire fuir. C’est donc qu’elle ne l’aime pas ?… Et quand, pressée de questions, haletante, désespérée, elle va lui apprendre l’horrible vérité, tout à coup, les clameurs joyeuses des robustes compagnons d’Harald viennent la rassurer en même temps que }es paroles enveloppantes de l’époux la contraignent d’oublier l’horreur des trahisons qui se préparent. Mais, à peine se sont-ils rapprochés de la couche nuptiale, chantant en la caresse de leurs deux voix unies le délice profond de l’amour pur et beau, que des cris de détresse s’élèvent des salles voisines, avec des bruits de lutte et de