Page:Brunet - Evangiles Apocryphes, 1863.djvu/7

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des noms vénérés, afin d’appuyer leurs erreurs, offrent un mélange de subtilités, d’allégories résultant de la combinaison des doctrines orientales et du développement sans contrôle de la pensée grecque dans tout ce que son allure a de plus libre, de plus hardi. N’ayant eu cours que dans le sein de quelques sectes éteintes pour la plupart dès le commencement du quatrième siècle, ces légendes hétérodoxes disparurent promptement ; à peine en est-il demeuré les titres, à peine nous en a-t-il été conservé quelques phrases isolées. On peut déplorer leur perte, car les rêveries gnostiques sont maintenant sans danger, et parmi ces fictions, parmi ces rêves d’une imagination échauffée, il se trouverait maint détail fort utile à une histoire des plus curieuses et des plus dignes d’intérêt : celle de l’esprit humain pendant les premiers siècles de la régénération chrétienne.

Il y a une toute autre importance dans les légendes que l’Église rejeta, et avec raison, comme dénuées d’authenticité, mais qui du moins ne posaient aucun point de doctrine contraire à la foi. Celles-ci, l’église grecque les accueillit en partie ; encore de nos jours les chrétiens de l’Égypte et de l’Asie ne les révoquent nullement en doute. Loin d’être restées stériles, elles ont eu, pendant une longue suite de siècles, l’action la plus puissante et la plus féconde sur le développement de la poésie et des arts ; l’épopée, le drame, la peinture, la sculpture du moyen-âge n’ont fait faute d’y puiser à pleines mains. Laisser de côté l’étude des Évangiles apo-