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VASTE ÉTENDUE DES PÉRIODES GÉOLOGIQUES.

d’autres couches au contraire, la présence d’une multitude innombrable de polypiers intacts, de coquilles fragiles avec leurs crêtes et leurs épines les plus délicates, prouve que les animaux qui les ont formés ont vécu et péri sur les lieux mêmes où on les trouve, ou à une faible distance.

Des couches ainsi remplies par les dépouilles d’innombrables générations d’êtres organisés prouvent avec bien de l’évidence combien il a fallu de longues périodes pour que les animaux dont elles proviennent aient vécu, se soient reproduits, et soient morts au fond des océans qui occupaient jadis la place où s’élèvent maintenant des continens et des îles. Et non seulement les changemens multipliés que l’on observe dans les espèces animales et végétales des parties successives des diverses formations, appuient de témoignages nouveaux le fait même de cette durée énorme, mais ils démontrent aussi quels importans changemens ont dû, pendant ce temps, s’opérer dans les conditions physiques et climatériques du monde ancien.

Outre ces restes de testacés et d’animaux plus grands encore, et qui sont visibles à tous les yeux, un examen minutieux fait découvrir parfois des amas prodigieux de coquilles microscopiques, qui n’excitent pas moins la surprise par leur abondance extrême que par leur excessive petitesse. On peut estimer en quelle prodigieuse quantité elles sont parfois entassées, par ce fait que Solduni a recueilli dans moins d’une once et demie d’une pierre provenant des montagnes de Casciana, en Toscane, dix mille quatre cent cinquante-quatre de ces coquilles cloisonnées microscopiques. Le reste de la pierre se composait de fragmens de coquilles, d’épines d’oursins très petites, et d’une substance calcaire spathique. Quatre ou cinq cents de ces coquilles ne pèseraient qu’un grain, et, parmi ces espèces, il en est une dont mille individus, d’après les calculs de Soldani, atteindraient à peine ce poids[1]. Il dit plus loin que l’on peut

  1. Saggio orittografico, 1780, p. 103, pl. 3, fig. 22, H. I.