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POISSONS DE MONTE BOLCA.

grands fleuves occupés jusque là par de l’eau douce, ou, au contraire, la brusque invasion d’une portion de la mer par un immense volume d’eau douce provenant de quelque lac dont les digues se seraient rompues, ou d’une inondation extraordinaire, sont fréquemment des causes de destruction tout à la fois pour les animaux qui habitent les eaux envahissantes elles eaux envahies[1].

Le plus grand nombre des poissons fossiles ne paraît pas avoir été victime d’aucune violence mécanique. Tout annonce au contraire qu’ils ont été tués par quelques propriétés nuisibles des eaux dans lesquelles ils se mouvaient, soit une variation brusque de température[2], soit le mélange de l’acide carbonique ou du gaz hydrogène sulfuré, ou de quelque matière terreuse ou bitumineuse sous la forme d’une boue.

Les circonstances dans lesquelles on a trouvé les poissons fossiles de Monte Bolca paraissent indiquer qu’ils ont péri soudainement à leur arrivée sur certains points des mers qui existaient alors, rendus délétères par l’action volcanique dont nous retrouvons encore aujourd’hui tant de preuves dans les roches basaltiques adjacentes. Les squelettes de ces poissons sont couchés parallèlement aux lames des couches du schiste calcaire. Ils sont toujours entiers, et si pressés les uns contre les autres que souvent on en trouve plusieurs dans un seul bloc, et que les milliers d’échantillons qui sont dispersés dans les divers cabinets de l’Europe tout entière ont été presque tous extraits d’une seule carrière. Tous ces poissons doivent avoir péri subitement sur ce point fatal, et y avoir été

  1. On trouve dans l’Edimburgh philosophical journal, n° 25, page 372, l’histoire des effets d’une irruption de la mer dans le lac d’eau douce de Lowesteffe, sur la côte du comté de Suffolk.
  2. M. Agassiz a observé qu’une diminution subite de 15 degrés dans la température de la rivière Glat, dont les eaux vont se jeter dans le lac de Zurich, y a causé la mort de plusieurs milliers de barbeaux.