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MAMMIFÈRES FOSSILES.

aquatiques de la famille des tapirs, si voisins du dinothérium, ajoutent un nouveau poids à l’opinion que ce dernier habitait, comme eux, l’eau des grands lacs et des rivières. Dans cette hypothèse, le poids de défenses semblables étant soutenu par les eaux n’aurait eu rien de gênant pour l’animal qui les portait, et si nous les supposons employées à fouiller et à déraciner les végétaux du fond de ces amas d’eau, c’eussent été des instrumens réunissant à la fois le pouvoir mécanique de la pioche à celui de la herse à cheval dont se sert l’agriculture moderne. L’énorme tête qui les surmontait, en pesant de tout son poids sur les défenses, eût encore ajouté à leur action dans cette hypothèse, de la même manière que l’action de la herse s’accroît par les poids dont on la charge.

Les défenses du dinothérium ont encore pu lui être d’un grand avantage pour fixer sa tête au rivage en tenant ses narines hors de l’eau, de façon à pouvoir respirer en sûreté pendant le sommeil, en même temps que le corps flottait avec aisance au dessous de la surface liquide. L’animal pouvait reposer ainsi amarré au rivage du lac ou de la rivière qu’il avait pour habitation sans le moindre déploiement de force musculaire, le poids de la tête et du corps tendant à fixer et à enfoncer les défenses de la même manière que le poids du corps d’un oiseau endormi a pour action d’étreindre davantage les serres autour de la branche sur laquelle il est perché ; peut-être aussi les employait-il à se traîner hors des eaux, comme le morse en a l’habitude ; enfin ce devaient être de formidables instrumens de défense.

La structure de l’omoplate, dont il a déjà été question, semble prouver que les pieds antérieurs étaient organisés de façon à concourir avec les défenses et les dents pour arracher les grands végétaux du fond des eaux. La longueur énorme que l’on