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MÉGATHÉRIUM.

tude de la structure et du mécanisme des organes chez les autres animaux. Que chaque partie du corps de l’éléphant ait été créée pour produire une force extraordinaire, de même que chacun des membres du cerf ou de l’antilope pour la vitesse et la légèreté ; c’est ce qui a frappé les yeux de tout observateur scientifique. Mais ç’a été un usage commun à tous les naturalistes, que d’imiter Buffon dans la description qu’il a donnée des paresseux, et de les représenter comme étant, de tous les animaux, ceux qui ont reçu l’organisation la plus imparfaite, comme des êtres pour lesquels aucune jouissance n’a été faite et qui n’ont été créés que pour la misère.

Ce qui est vrai, c’est que les paresseux sont, de tous les quadrupèdes vivans, ceux qui s’éloignent le plus de la structure ordinaire ; mais c’est une erreur que d’avoir regardé ces déviations comme des imperfections que ne contrebalance aucun avantage. Je me suis efforcé de montrer déjà, dans une autre circonstance[1], que toutes ces diverses conditions anormales, loin d’être des défauts ou des sources d’inconvéniens pour les paresseux, sont au contraire des exemples frappans des provisions variées à l’aide desquelles chaque créature a été organisée pour les conditions diverses dans lesquelles elle était appelée à vivre. Les mêmes particularités, qui rendent les mouvemens du paresseux si lourds, si pénibles à la surface du sol, conviennent au contraire merveilleusement à la vie pour laquelle il a été créé et qui doit se passer entièrement sur les arbres dont les feuilles forment sa nourriture. De même encore si nous considérons le mégathérium comme un animal créé pour creuser la terre et s’y nourrir de racines, nous verrons s’expliquer sa structure insolite et ses proportions en apparence anormales ; nous trouverons pour chaque organe des

  1. Transactiont linnéennes, t. xvii, première partie.