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MAMMIFÈRES FOSSILES.

convenances relatives et des rapports étroits avec le but que cet organe devait remplir[1].

Je me propose maintenant d’entrer dans des détails minutieux sur quelques unes des parties les plus remarquables de cet animal, en l’étudiant dans ses rapports constans avec son mode particulier d’existence, et en me proposant pour but d’arriver à reconnaître tout un système de combinaisons admirablement coordonnées dans le mécanisme de cette créature en apparence la plus monstrueuse de toute la série animale, et la plus dépourvue de toute harmonie des proportions.

Ainsi donc nous avons devant nous un quadrupède gigantesque qui, au premier abord, ne paraît pas seulement disproportionné dans son ensemble, mais dont chacun des membres en particulier semble disposé d’une façon grossière et gauche, si nous les supposons placés dans les conditions des mêmes organes chez les mammifères ordinaires. Emparons-nous de ce fil qui

  1. Les restes du mégathérium se trouvent surtout dans les régions méridionales de l’Amérique du sud, et plus abondamment au Paraguay que partout ailleurs. Cet animal parait aussi s’être éloigné de l’équateur vers le nord, à peu près jusqu’aux États-Unis. Nous le connaissons depuis quelque temps par les descriptions détaillées qu’en a données Cuvier, tome 5, de ses Ossemens fossiles, et par une série de grandes gravures qu’ont publiées Pander et Dalton, d’après un squelette à peu près complet, envoyé en 1789, de Buenos-Ayres à Madrid. Le docteur Mitchel et M. Cowper ont décrit dans les annales du Lycée d’histoire naturelle de New-Yorck, mai 1824, quelques dents et quelques os trouvés dans les marais de l’île de Skiddaway, sur la côte de la Géorgie, et qui ressemblent à ceux du squelette de Madrid. (Cuvier, Ossem. foss., t. v, deuxième partie, p. 519.) — En 1832, plusieurs parties d’un autre squelette furent apportées en Angleterre par M. Woodbine-Parish. Ils avaient été extraits du lit de la rivière Salado, près de Buenos-Ayres, et on les voit dans le Muséum du collège royal des chirurgiens de Londres. Ils ont été décrits dans les Transactions de la Société géologique de Londres, tome III, N. S., troisième partie, par mon ami M. Clift, dont les connaissances étendues en anatomie m’ont été du plus grand secours dans l’étude que j’ai faite de cet animal.