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MÉGATHÉRIUM.

la tête, comparativement légère, et dépourvue de défenses. La région dorsale de la colonne n’offre rien que d’ordinaire dans son volume ; mais les vertèbres lombaires se font remarquer par un accroissement qui correspond à l’agrandissement énorme du bassin et des membres postérieurs (e) ; et l’extrémité des apophyses épineuses est aplatie comme si, de même que chez les tatous, elle avait été soumise à la pression d’une cuirasse.

Le sacrum (pl. 5, fig. 2, a) est uni au bassin d’une façon particulière à cet animal, et calculée dans le but de lui donner une force extraordinaire : ses apophyses indiquent la présence de muscles très puissans pour les mouvemens de la queue. Celle-ci est formée de vertèbres énormes[1], dont les plus grandes ont un corps de sept pouces en diamètre, et vingt pouces d’une extrémité à l’autre de leurs apophyses transverses. Qu’on ajoute à cela l’épaisseur des muscles et des tendons, en même temps que des tégumens écailleux qui les recouvraient, et on n’hésitera pas à prononcer que la queue, en ce point ou son volume était le plus considérable, n’avait pas moins de deux pieds en diamètre et de six en circonférence, pourvu qu’on la suppose à peu près cylindrique, ainsi que cela s’observe chez le tatou. Au reste, des dimensions aussi vastes ne sont pas plus hors de proportion avec les parties voisines du corps que ne sont celles du même organe chez les tatous ; et il est probable aussi que, comme ces derniers animaux, le mégathérium se servait de sa queue pour supporter le poids énorme de son corps et de l’armure dont il était recouvert[2].

  1. Pl. 6, fig. 2.
  2. La queue de l’éléphant est remarquablement faible et grêle, et porte à son extrémité une touffe de poils destinée à servir de chasse-mouches.

    Celle de l’hippopotame n’a que quelques pouces de long, et elle est aplatie dans le sens vertical, comme pour remplir dans l’acte de la natation les fonctions d’un petit gouvernail.