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MAMMIFÈRES FOSSILES.

Il nous reste à examiner maintenant de quelle utilité pouvait être une pareille enveloppe pour l’animal gigantesque qui, ainsi que nous venons de le voir, en était probablement revêtu. On peut observer d’abord que, les organes de locomotion du mégathérium ne pouvant se prêter qu’à une progression des plus lentes, le poids de la cuirasse elle-même n’a dû apporter que peu d’obstacle à des mouvemens déjà si lourds, et elle dut être une arme défensive non seulement contre les dents et les ongles des animaux de proie, mais aussi contre ces myriades d’insectes qui fourmillent d’ordinaire dans les climats semblables à ceux où ses os ont été trouvés, et auxquels devait être exposé plus qu’aucun autre un animal obligé de chercher sa nourriture en fouillant la terre sous un soleil ardent. Nous pouvons penser aussi que cette armure dut lui être utile en protégeant son dos et les parties postérieures de son corps non seulement contre le soleil et la pluie, mais aussi contre le sable et la poussière, qui n’eussent pas manqué de produire sur une peau nue l’irritation et les maladies[1].

    diverses qui toutes portaient une cuirasse dans la collection qu’a faite M. Parish sur des localités différentes du district au dessus de Buénos-Ayres. Bien que l’on n’ait trouvé aucune trace d’armure avec les fragmens de squelette découvert dans le lit de Salado, la surface rugueuse, élargie et aplatie d’une portion de la crête de l’ilion dans ce squelette, (voyez pl. 5, fig. 2, r, s), l’élargissement de l’extrémité des apophyses épineuses d’un grand nombre de vertèbres, ainsi que de la convexité supérieure de plusieurs côtes sur lesquelles eût été portée la cuirasse, indiquent une pression pareille à celle qui produit les mêmes effets sur les parties analogues du squelette chez le tatou ; et cette circonstance nous eût autorisés à prononcer que le mégathérium aussi était recouvert d’une lourde cuirasse, alors même que nous n’en eussions rencontré aucune trace près des os de cet animal sur d’autres points dans les mêmes plaines du Paraguay. Dans tous ces os aplatis, la pression ne s’annonce que sur les points précis du squelette où a dû porter immédiatement le poids de l’armure ; et elle y a produit exactement les mêmes empreintes que l’on observe très développées dans les tatous.

  1. Pour des animaux qui ne fouillent que par circonstance, et pour se