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SAURIENS MARINS.

cinq pieds de longueur, quoique parmi ses congénères modernes aucun n’excède cinq pieds. La tête, que nous figurons dans cet ouvrage, est longue de quatre pieds ; celle des plus grands monitors ne dépasse pas cinq pouces. Les anatomistes les plus profonds ne pourraient imaginer qu’avec peine une série de modifications à l’aide desquelles un monitor pût atteindre la taille et le volume d’un épaulard[1] (delphinus orca), et posséder en même temps la faculté de se mouvoir avec force et vitesse au sein des eaux de la mer. C’est néanmoins ce que nous offre le squelette fossile dont l’étude nous occupe en ce moment : dans tout son ensemble, nous trouvons les caractères d’un monitor ; mais ces caractères se modifient dans le but manifeste d’en faire un animal créé pour vivre au sein des eaux de la mer.

Le mosasaure n’avait guère de caractères communs avec le crocodile ; mais il se rapprochait des iguanes par un appareil dentaire fixé sur l’os ptérygoïde[2], et occupant la voûte palatine, ainsi que cela a lieu chez certains serpens et chez certains poissons, où ces dents, dirigées en arrière comme les barbes d’une flèche, s’opposent à ce que la proie puisse leur échapper[3].

  1. L’épaulard atteint jusqu’à vingt et vingt-cinq pieds ; c’est un animal très féroce, qui se nourrit de phoques et de marsouins ainsi que de poissons.
  2. Pl. 20, K.
  3. Les dents n’ont pas de vraies racines, et ne sont pas creuses comme chez les crocodiles, mais à leur état de complet accroissement elles sont entièrement pleines et soudées à leurs alvéoles par une base osseuse, large et solide, résultant de l’ossification de la matière pulpeuse qui a sécrété la dent. En outre, elles se fixent plus solidement encore aux mâchoires par l’ossification de la capsule ou organe sécréteur de l’émail. Cette capsule ossifiée entoure la base des dents d’une sorte de contrefort circulaire, et les fixe avec une extrême solidité. Les dents nouvelles apparaissaient dans d’autres cellules de l’os maxillaire (Pl. 20, h), et, en s’accroissant, traversaient irrégulièrement sa substance, jus