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SAURIENS TERRESTRES GIGANTESQUES.

ment disposées pour une locomotion au sein des eaux, les os même les plus forts des membres antérieurs et des membres postérieurs sont massifs dans toute leur épaisseur. Le poids des os n’apportait, dans ces êtres, aucun obstacle à leur action au sein du milieu liquide qu’ils habitaient ; mais dans l’énorme mégalosaure, et dans l’iguanodon, encore plus colossal, qui, ainsi que l’enseignent les caractères de leurs pieds, avaient été créés pour se mouvoir à la surface de la terre, les plus grands os des membres ont été diminués en poids par des cavités internes remplies d’une substance médullaire peu dense, en même temps que leur forme cylindrique réunissait la double condition de la force et de la légèreté[1].

  1. Les cavités médullaires des os fossiles de mégalosaure trouvés à Stonesfield sont ordinairement remplis de spath calcaire. On voit dans le muséum d’Oxford un échantillon peut-être unique parmi les débris organiques fossiles. Il provient de la formation wealdienne d’eau douce de Langton, près de Tunbridge Wells, et offre le fait curieux du moulage parfait de l’intérieur d’un os long, probablement le fémur d’un mégalosaure, avec la forme exacte et les ramifications de la substance médullaire, tandis que l’os lui-même a été complètement détruit. La substance de ce moulage est formée d’un sable fin cimenté par de l’oxide de fer ; sa forme présente distinctement toutes les réticulations les plus minutieuses que suivait la moelle remplissant les cavités aréolaires de l’extrémité de l’os. On y voit aussi en relief les perforations qui existaient dans la paroi interne, et par où les vaisseaux pénétraient obliquement de l’extérieur jusqu’à la substance médullaire. Le sable où l’os était enfoui a également formé tout autour un moule extérieur, de telle sorte que, bien que l’os lui-même ait entièrement péri, nous possédons tout à la fois une reproduction exacte de sa forme extérieure et de ses cavités internes, en même temps qu’un modèle de la moelle qui les remplissait, à peu près aussi parfait qu’on pourrait l’obtenir en remplissant de cire fondue la cavité vide d’un os à moelle, puis faisant dissoudre ensuite la substance osseuse dans un acide. Le sable qui constitue le moule intérieur a dû entrer par la cassure de celle des deux extrémités qui manque dans l’échantillon.

    Cette préparation naturelle d’une pièce anatomique des temps anciens démontre que, dans ces lézards gigantesques d’un monde primordial, la disposition de la moelle, et ses rapports avec les extrémités