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MÉGALOSAURE.

saure s’accroît encore par le renflement de ses parois latérales, ainsi qu’on le voit dans la coupe transversale (fig. 4, A, D). Si la dentelure se fût continuée dans toute la longueur de l’arête obtuse et convexe de la dent, c’eût été pour cet organe un tranchant que sa position eût rendu inutile ; et on le voit en effet cesser précisément au point C, passé lequel il n’aurait plus produit aucun effet. Avec des dents ainsi construites, de façon à couper dans toute la longueur de leur bord concave, chaque mouvement des mâchoires, produit l’effet combiné d’un couteau et d’une scie, en même temps que le sommet opère une première incision, comme le ferait la pointe d’un sabre à double tranchant. La courbure en arrière que prennent les dents à leur entier accroissement rend toute fuite impossible à la proie une fois saisie, de la même manière que tas barbes d’une flèche rendent son retour impraticable. Ainsi, dans les modifications que ces divers organes ont subies pour s’approprier aux circonstances dans lesquelles ils sont placés, nous retrouvons les mêmes arrangemens que l’habileté humaine a mis en œuvre dans la fabrication de plusieurs des instrumens qu’elle emploie.

Dans un chapitre précédent (ch. XIII), j’ai essayé de faire voir que l’existence des races carnivores parmi les animaux a pour résultat une diminution dans la somme des douleurs qui sont réservées aux autres êtres du même règne. Toute disposition des mâchoires ou des dents, qui sera de nature à procurer une mort plus expéditive, se trouvera en accord avec ce même but si hautement avantageux ; et c’est là le motif qui nous dirige nous-mêmes toutes les fois que, sans autre impulsion que celle d’un sentiment d’humanité, nous nous servons des instrumens les plus propres à donner une mort prompte et facile à ces animaux innombrables qui sont immolés chaque jour pour la nourriture de l’homme.