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INTRODUCTION.

terre que les couches géologiques de ces contrées lui fournissent en abondance[1].

Un troisième pourrait aller de la côte du Dorset à celle du Yorkshire sans que son pied posât ailleurs que sur le calcaire oolithique ou la craie. Partout de hautes plaines sans montagnes, sans mines de houille ou autres ; partout une population presque exclusivement agricole et ne possédant pas un seul établissement industriel de quelque importance.

Si nous supposons maintenant que ces trois étrangers viennent à se rencontrer au terme de leur voyage, et à se faire part de leurs observations respectives, quelle différence dans les jugemens qu’ils porteront sur l’état actuel de la Grande-Bretagne ! — C’est un pays de montagnes incultes ; l’espèce humaine y est rare. — Ce sont partout de gras pâturages, des populations florissantes et de riches manufactures. — C’est un vaste champ de blé, une fourmilière de laboureurs.

Mais toute cette divergence s’explique dès que l’on sait dans quelles conditions géologiques différentes se trouvent placées ces trois grandes divisions de l’île que nous habitons. Le premier de nos voyageurs n’aurait eu sous les yeux que les districts assis sur des roches primitives ou de transition ; le second aurait suivi ces couches fertiles de nouveau grès rouge,

  1. En jetant les yeux sur quelque carte géologique de l’Angleterre un peu exacte, on verra que les importantes et populeuses cités dont les noms suivent reposent sur des couches appartenant uniquement à la formation du nouveau grès rouge : Exeter, Bristol, Worcester, Warwick, Birmingham, Lichfield, Coventry, Leicester, Nottingham, Derby, Stafford, Shrewsbury, Chester, Liverpool, Warrington, Manchester, Preston, York et Carlisle. La population de ces dix-neuf villes, d’après le recensement de 1830, excède un million d’habitans.

    Si l’on veut recourir à une carte de petite dimension, pour vérifier ce fait ou tous ceux que j’aurai occasion d’avancer dans le cours du présent Essai, il n’en est point de plus satisfaisante que la réduction en une seule feuille faite par M. Gardner de la grande carte d’Angleterre de Greenough, qui avait été publiée par la Société géologique de Londres.