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CROCODILIENS.

Il est tout à fait inutile, pour le but que nous nous proposons, de nous livrer à une comparaison minutieuse de l’ostéologie des genres et des espèces vivantes et fossiles qui constituent cette famille. Il nous suffira d’observer que leur système de dentition est partout le même, et que chez tous il a été pourvu aux chances extraordinaires de destruction qui menacent les dents par une réserve de ces organes essentiels plus riche que chez aucun autre animal[1]. Comme les crocodiles parvenus à leur dernier état d’accroissement n’ont pas moins de quarante fois le volume qu’ils avaient en sortant de l’œuf, il leur a été donné de changer de dents beaucoup plus fréquemment qu’aux mammifères, afin qu’elles se trouvassent en proportion exacte avec le reste de l’organisation à toutes les périodes de leur existence ; et les habitudes de rapine qui caractérisent ces animaux étant cause que des dents supportées par une mâchoire aussi prolongée sont plus exposées à être détruites, ce même arrangement offre de plus cet autre avantage de remplacer les perles occasionnées par des cassures accidentelles.

Ces forces réparatrices ainsi appliquées à l’avance à la satisfaction de besoins qui n’existent pas encore, à la réparation d’accidens de long-temps prévus sont un argument de plus que nous offrent ces arrangemens pleins de prévoyance, pour démontrer par l’existence d’un plan général l’action d’une intelligence régulatrice dans la création et dans la conservation des mécanismes animaux où se rencontrent de telles dispositions.

    sténéosaure et du téléosaure dans le lias et dans les formations oolitiques rendent probable que ces reptiles ne fréquentaient que des mers peu profondes. D’après M. Lyel, la plus grande espèce de crocodile du Gange quitte parfois les eaux saumâtres du Delta, et s’aventure jusque dans la mer.

  1. Nous avons déjà exposé le même mode de dentition en traitant de l’ichthyosaure (p. 149 et pl. 11, A).