Page:Buckland - La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, 1838, tome 1.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
CHÉLONIENS.

Malgré l’abondance de ces empreintes dans les vastes carrières de Corn Cockle Muir, on n’a néanmoins retrouvé aucun fragment osseux appartenant aux animaux dont les pieds se sont ainsi moulés dans la vase. Cette circonstance pourrait peut-être s’expliquer par la nature même du grès siliceux, peu favorable à la conservation des débris organiques ; et les conditions de cette destruction complète des restes osseux ne sont pas en opposition avec la conservation d’empreintes faites par les pieds et promptement recouvertes par une couche de sable qui s’y serait moulée de façon à en reproduire les formes avec autant de fidélité que pourraient le faire les substances plastiques employées dans l’art du moulage.

Mais cette absence même d’ossemens dans ces roches où se trouvent de si nombreuses empreintes de pieds n’est point un obstacle pour la science ; et nous pourrons, sans nous appuyer ailleurs que sur ces derniers témoignages, nous convaincre de l’existence des animaux qui les ont produits, et en reconnaître même jusqu’aux caractères distinctifs. Ces traces sont trop courtes pour que ce soient des pieds de crocodiles ou de quelques autres sauriens connus qui s’y soient ainsi moulés ; et c’est parmi les chéloniens ou tortues, que nous pouvons

    j’avais fait faire moi-même par une émyde vivante ou par la tortue grecque sur du sable, sur de l’argile ou sur une pâte molle, je les ai trouvées assez semblables, à quelques différences près, qu’explique la différence d’espèces, pour pouvoir prononcer avec un haut degré de probabilité que les empreintes fossiles dont il s’agit ont été produites par les pieds de quelque tortue terrestre.

    Dans le lit des ruisseaux du Sappey et du Whelpley, près de Tenbury, on aperçoit sur du vieux grès rouge des empreintes circulaires. Les habitans les attribuent à des pieds de chevaux, ou à des patins circulaires ; et il existe une légende qui en explique l’origine. Ce sont des concrétions de marne et de fer formant des enveloppes sphériques autour d’un noyau solide de grès, et qui ont été attaquées par le courant des eaux.