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SYSTÈME DE M. AGASSIZ.

tages de cette méthode, c’est que les écailles de plusieurs poissons des époques géologiques les plus reculées étaient revêtues d’un émail qui les rendait beaucoup moins sujettes à la destruction que le squelette interne lui-même. Il arrive fréquemment que l’enveloppe écailleuse tout entière et la configuration extérieure du poisson se soient parfaitement conservées sans que l’on rencontre aucun des os qui entraient dans sa charpente intérieure. L’émail de ces écailles est beaucoup moins soluble que la substance calcaire des os[1]

  1. M. Agassiz partage les poissons dans les quatre nouveaux ordres suivans.

    1o  Les Placoïdiens (pl. 27, fig. 1 et 2, de πλαξ plaque élargie). Les poissons de cet ordre sont caractérisés par les plaques d’émail qui recouvrent leur peau d’une manière irrégulière. Quelquefois ces plaques sont de dimensions considérables, d’autres fois au contraire elles sont réduites à de petits points comme sur la peau chagrinée des squales, ou comme les tubercules aigus en forme de dents qui sont disséminés sur le corps des raies. Tous les cartilagineux de Cuvier, à l’exception de l’esturgeon, sont compris dans l’ordre des placoïdiens.

    Les aiguillons d’émail qui couvrent la peau des squales et des roussettes ou chiens de mer sont bien connus par l’usage que l’on en fait pour user et polir le bois et aussi par leur emploi dans la fabrication du chagrin.

    2o  Les Ganoïdiens (pl. 27, fig. 5 et 4, de γανος, splendor, à cause du brillant de leur émail). Cet ordre est caractérisé par des écailles anguleuses composées de plaques osseuses ou cornées que revêt une lame mince d’émail. Le lépidostée gavial (Lepidusteus osseus, pl. 27 a, fig. 1) et les esturgeons en font partie. Il comprend plus de soixante genres, dont cinquante sont perdus.

    3o  Les Cténoïdiens (pl. 27, fig. 5 et 6 ; κτεις peigne). Les érailles de ces poissons sont dentelées ou dentelées à leur bord postérieur, comme les dents d’un peigne, formées seulement d’une lame cornée et d’une lame osseuse, sans couche d’émail qui les recouvre. La perche nous en offre un exemple bien connu.

    4o  Les Cycloïdiens (pl. 27, fig. 7 et 8, de κυκλος, cercle). Les cycloïdiens ont les écailles polies, simples sur leurs bords, et à surface supérieure souvent ornée de diverses figures ; elles sont formées de couches cornées ou osseuses, et ne sont jamais revêtues d’émail. On en voit des exemples dans le hareng et dans le saumon.

    Chacun de ces quatre ordres contient des poissons osseux et des pois-