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POISSONS FOSSILES.

interrompue de témoignages qui nous montrent cette importante classe, soit avec un squelette osseux, soit avec un squelette cartilagineux, comme prédominante dans toutes les périodes, depuis le moment où a commencé la vie sous-marine jusqu’à l’heure actuelle. La similitude des dents, des écailles et des os des plus anciens poissons sauroïdes de la formation houillère (le genre mégalichthys) avec ceux du genre lépidostée actuel, et les rapports étroits qui s’observent entre les dents et les épines osseuses du seul cestracion qui fasse encore maintenant partie de la famille des squales, et les nombreuses formes éteintes de cette même sous-famille des cestracions, qui abondent dans toute l’étendue des formations carbonifères et des formations secondaires, sont des faits qui réunissent les deux extrémités de cette grande classe de vertébrés par une chaîne plus régulière et plus étroitement unie qu’aucune autre à laquelle on ait été conduit jusqu’ici par les recherches géologiques.

Il résulte de ce coup d’œil que nous venons de jeter sur l’histoire des poissons fossiles que chacune des formes principales d’organisation que présentent ces animaux existait dès les âges les plus reculés de notre globe ; que toujours ils y ont rempli dans l’économie générale de la nature les mêmes fonctions importantes que nous voyons confiées à leurs représentans actuels dans nos mers modernes, dans nos lacs et dans nos rivières. La grande raison finale de leur existence paraît avoir été à toutes les époques de peupler les eaux d’animaux qui y jouissent de toute la somme de bien-être que comportent leurs conditions d’existence.

La stérilité et la solitude dont on a souvent fait l’attribut des profondeurs de l’Océan n’existent donc pas ailleurs que dans les fictions de quelque imagination poétique. Dans cette vaste masse d’eaux qui recouvre presque les trois quarts de la surface du globe, la vie se montre avec plus de luxe peut-être