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AMMONITES.

Nous rencontrons donc en même temps dans toute celle famille des ammonites et des nautiles les mécanismes du siphon, si

    en arrière ; et sa place est tantôt au centre, tantôt au bord interne de ces mêmes cloisons. (Pl. 51, fig. 1, y et pl. 42, fig. 1.)

    Le siphon représenté dans la planche 36 s’est conservé à l’état de matière charbonneuse noire et il se prolonge depuis le fond de la chambre la plus extérieure jusqu’à l’extrémité la plus interne de la coquille. Une coupe fait voir son intérieur en e, f, g, h, rempli, comme les chambres aériennes adjacentes, d’un noyau de spath calcaire pur. Dans la pl. 42, fig. 3, b, un noyau semblable remplit le tube du siphon et la cavité intérieure des chambres aériennes ; et dans ce cas, comme dans celui de la planche 36, le diamètre de cet organe se contracte à son passage à travers le collier de chacune des cloisons successives ; cette contraction offre les mêmes avantages mécaniques que dans le nautile.

    La coquille représentée figure 4 de la planche 42 est un échantillon trouvé par le marquis de Northampton dans le sable vert de Earl Stoke, près de Devizes ; et les figures 5 et 6 en sont des fragmens. Cette pièce mérite l’attention par l’état de conservation remarquable de son siphon, lequel est distendu et vide, et fixé encore à la place qu’il occupait à l’intérieur de la coquille, et le long de son bord dorsal. Ce siphon, de même que la coquille et que les cloisons transversales, est converti en une chalcédoine mince, et le tube conserve, à l’intérieur des chambres demeurées vides, la forme et la position exactes qu’il occupait dans la coquille à l’état vivant.

    La substance tout entière du siphon, conservée avec une perfection que l’on n’observe que bien rarement, prouve qu’il n’existait aucune ouverture à travers laquelle un fluide pût passer du siphon dans l’intérieur des chambres aériennes. On observe la même continuité du siphon dans la planche 42, fig. 3 et dans la planche 36, ainsi que dans beaucoup d’autres échantillons ; et nous en tirons cette conclusion que rien ne passait en effet de l’intérieur du tube dans les chambres aériennes, et que le siphon avait pour fonction, comme dans le nautile, d’être plus ou moins distendu par un liquide, et de faire varier ainsi le poids spécifique de l’animal, de façon à ce qu’il pût s’enfoncer au sein des eaux ou venir flotter à leur surface.

    Le docteur Prout a analysé une portion de la substance noire du siphon, que l’on trouve si fréquemment bien conservé dans les ammonites, et il a trouvé que ce n’était autre chose qu’une membrane animale pénétrée de carbonate de chaux. Pour expliquer la couleur noire qu’offrent ces tubes, il suppose qu’un procédé de décomposition qui favorisa