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BÉLEMNITES.

La seiche commune, alors même qu’elle est encore renfermée à l’intérieur de l’œuf transparent où elle se développe, possède déjà cet organe rempli de sa liqueur noire et prêt à remplir ses fonctions dès que l’animal sera éclos ; et ce réservoir est revêtu d’une couche d’une nacre brillante toute pareille à celle qui recouvre certaines membranes internes dans quelques poissons[1].

  1. J’ajouterai ici quelques mots dans le but d’expliquer ce fait curieux que, parmi les échantillons innombrables de bélemnites qui ont depuis une époque si reculée fixé l’attention des naturalistes, il ne s’en est pas rencontré un seul complet dans toutes ses parties, et qui eût son encre encore contenue dans la chambre antérieure, soit que la gaine fibro-calcaire fût séparée de l’étui corné et du réservoir d’encre, ou bien que ce dernier fût constamment isolé de la gaine cornée et enveloppé seulement dans la membrane cornée revêtue de nacre qui constitue la chambre antérieure. D’après l’état où se trouvent certaines ammonites nacrées comprimées du lias schisteux de Watchet, il est évident que l’enduit nacré seul de ces coquilles s’est conservé, tandis que la coquille elle-même s’est détruite. Ce fait nous explique pourquoi, dans presque tous les échantillons de réservoirs d’encre que l’on rencontre à Lyme-Regis, l’étui calcaire et la coquille manquent complètement, tandis que ces échantillons conservent au contraire la nacre irisée qui les entourait, ainsi que cela a lieu également dans les ammonites de Watchet. Il est à présumer que, dans chacun de ces cas, la matière où ces coquilles ont été ensevelies eut la propriété de conserver la nacre ou la substance cornée, tandis que la substance calcaire plus soluble y disparaissait, dissoute peut-être dans quelque acide qui y était contenu.

    Mais ce qu’il est plus difficile de déterminer, c’est la raison qui a fait que parmi tant de millions de bélemnites qui sont dispersées indifféremment dans presque toutes les couches de la série secondaire, et qui recouvrent parfois complètement certains lits de schiste en rapport immédiat avec le lias et l’oolite, il s’en trouve si peu qui aient conservé soit leur gaine cornée, soit leur réservoir d’encre. L’absence du fourreau corné et nacré peut s’expliquer par l’hypothèse que la substance enveloppante ait été peu favorable à la conservation de cette membrane cornée, en même temps qu’elle eût favorisé celle du fourreau calcaire ; et l’absence des réservoirs à encre se conçoit avec une facilité égale si l’on suppose qu’en général la décomposition des parties molles de l’animal fut cause que l’encre se dispersa avant que ses restes fussent