Page:Buckland - La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, 1838, tome 1.djvu/363

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
341
CRUSTACÉS FOSSILES.

Les belles recherches de M. Desmarest ont mis en lumière les analogies qui existent entre les espèces actuelles et certaines espèces fossiles de crustacés. Il a fait voir que toutes les inégalités extérieures de la coquille sont dans un rapport constant avec des dispositions distinctes de l’organisation intérieure. En appliquant ce mode d’investigation aux espèces fossiles, il en a déduit une méthode toute nouvelle pour les comparer avec les crustacés vivans ; et il est arrivé à établir d’heureuses analogies entre les membres éteints et les membres encore existans de cette classe nombreuse, même sur des échantillons où manquaient complètement les pattes, et les autres parties qui servent de fondement aux distributions génériques[1].

Je renverrai mes lecteurs à ces premiers essais d’une histoire des crustacés fossiles ; et, choisissant une famille des plus

  1. M H. Von Meyer a fait connaître tout récemment cinq ou six genres éteints de décapodes macroures, dans le calcaire conchylien (muschel-kalk) de l’Allemagne. (Leonhardt and Bronn Jahrbuch, 1855.)

    L’histoire des astaciens (écrevisses) fossiles de l’Angleterre reçoit en ce moment même d’importans perfectionnemens entre les mains habiles du professeur Philipps.

    M. Broderip, dans une communication qu’il a faite dernièrement à la société géologique (10 juin 1835), a décrit quelques débris fort intéressans de crustacés du lias de Lyme-Regis, qui font partie de la collection du vicomte Cole. Un de ces échantillons, d’après les lamelles de ses antennes externes, d’après la forme et la situation des yeux et plusieurs autres caractères, était évidemment un dicapode macroure intermédiaire entre les palinures et les salicoques.

    Un fragment d’un autre décapode macroure fait voir qu’il existait à cette époque reculée un crustacé voisin des palinures, et qui atteignait la taille de notre homard commun.

    On voit dans deux autres échantillons les organes respiratoires d’une espèce délicate de crustacé. L’extrémité des quatre branchies les plus grandes et celle des quatre plus petites sont conservées ; et elles se dirigent vers la région du cœur, ce qui prouve que ces crustacés fossiles appartenaient à la division la plus élevée des Macroures. Elles ont rappelé à M. Broderip certaines formes de crustacés décapodes macroures, qui vivent maintenant dans les mers arctiques.