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VÉGÉTAUX FOSSILES.

Bien que ces fruits appartiennent tous à des genres à feuilles pennées, aucune feuille de palmier de cette sorte ne s’est jusqu’ici rencontrée en Europe, ainsi que nous venons de le dire. Il paraît donc vraisemblable, d’après la quantité énorme de fruits de toute espèce qui sont accumulés dans l’île de Sheppey, entassés avec des coquilles marines et des fragmens de bois presque toujours percés, par des tarets, que ces fruits ont été amenés là par des courans marins de contrées plus chaudes que ne le fut l’Europe après le commencement de la période tertiaire, de la même manière que certaines graines tropicales et des merrains d’acajou sont transportés de nos jours du golfe du Mexique sur les côtes de la Norwège et de l’Irlande.

Outre les fruits de palmiers, l’île de Sheppey présente une réunion de plusieurs centaines d’autres fruits[1] dont la plupart offrent les caractères de la végétation des tropiques ; et il serait difficile d’expliquer comment ils auraient pu être accumulés ainsi en amas où ne se trouvé pas une seule feuille des arbres qui les ont portés, mais qui renferment des bois perforés par des tarets, autrement que par l’hypothèse d’un courant marin.

Nous n’avons encore aucune donnée certaine relativement au nombre des espèces de ces fruits fossiles ; on a estimé qu’elles

  1. Selon M. Ad. Brongniart, plusieurs de ces fruits ont des rapports intimes avec les fruits aromatiques de l’Araomum (Cardamome), Ce sont des fruits triangulaires, très comprimés, ombiliqués à leur sommet, où se trouve une petite aréole circulaire, indiquant apparemment la cicatrice laissée par un calice adhérent ; à l’intérieur se trouvent trois cloisons, un léger sillon se voit sur le milieu de chacune des trois faces, comme en présente le fruit de plusieurs plantes de la famille des scitaminées. On ne peut toutefois considérer les fruits de l’île de Sheppey comme identiques avec aucun genre de cette famille ; mais ils s’en rapprochent tellement que M. Ad. Brongniart les a désignés sous le nom dAmomocarpum.