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DES CORPS MINÉRAUX.

que je le sache, elle a existé là de toute éternité, et peut-être ne prouverait-on que difficilement l’absurdité d’une semblable réponse[1]. »

Non, répond le géologue, cette pierre n’est pas là de toute éternité, car si c’est un caillou ordinaire, il peut avoir traversé des évènemens nombreux et de plus d’une sorte ; et peut-être y trouverons-nous les témoignages d’évènemens physiques qui ont produit des changemens importans à la surface de notre planète ; et son aspect roulé nous racontera les déplacemens considérables que lui a fait subir l’action des eaux.

Serait-ce un morceau de grès, ou de quelque conglomérat ou couche fragmentaire constituée par des détritus arrondis provenant d’autres roches, les ingrédiens mêmes qui entrent dans sa composition offrent des témoignages tout semblables de mouvemens imprimés par l’action des eaux, mouvemens qui les ont réduits à l’état de sables ou de cailloux, puis transportés à la place qu’ils occupent à l’heure actuelle, antérieurement à l’existence de la couche dont ils font partie. Une couche de cette nature n’a donc pas occupé de toute éternité la place où elle se voit maintenant.

S’il arrivait que cette pierre contînt les débris pétrifiés de quelque plante ou de quelque animal fossile, non seulement nous y trouverions la preuve qu’elle est d’une formation pos-

  1. Si j’ai cité ce passage, ce n’est point dans le but de déprécier l’ensemble des raisonnemens de Paley, raisonnemens qui sont si indépendans de l’hypothèse épisodique et inutile qui les précède ; mais j’ai voulu faire voir par là de quelle importance sont les preuves que les découvertes de la géologie et de la minéralogie sont venues ajouter à celles que nous avions déjà de la non éternité du globe, puisqu’un aussi grand maître a déclaré ces dernières incomplètes, parce qu’il manquait d’une foule de données importantes dont nous ne devons la connaissance qu’aux progrès ultérieurs de ces sciences toutes modernes.