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PREUVES D’UNE CRÉATION ET D’UN COMMENCEMENT.

moderne eussent été bien connues des auteurs et des partisans de ces systèmes[1]. — « C’est une même main dont nous lisons partout l’écriture ; c’est un même système, ce sont les mêmes arrangemens que nous avons partout à décrire ; c’est la même unité d’objet, ce sont les mêmes relations de causes finales que nous retrouvons partout maintenues, et partout proclamant l’unité de la grande Source divine. »

Nous avons fait voir, dans notre sixième chapitre, sur les roches stratifiées primitives, que la géologie a rendu un service important à la théologie naturelle, en démontrant, à l’aide de preuves qui lui appartiennent en propre, qu’il y eut un temps où aucune des formes organiques actuelles n’avait encore fait son apparition à la surface de notre globe, et que les doctrines qui expliquent l’existence des espèces actuelles par un développement[2] ou une transmutation d’autres espèces, ou qui admettent une succession éternelle d’individus des mê-

  1. Buckland. Leçon inaugurale, 1819, p. 45.
  2. Comme les personnes peu familières avec les termes dont on se sert en physiologie pourraient se méprendre sur le sens du mot développement, il est bon que l’on sache que ce terme, suivant sa première signification, désigne les changemens organiques qui ont lieu chez tous les animaux et chez tous les végétaux depuis leur état embryonnaire jusqu’à ce qu’ils soient arrivés à leur maturité complète. Il s’applique encore, dans un sens plus étendu, à ces changemens progressifs qui se sont succédé dans les genres et dans les espèces fossiles, durant le dépôt des couches terrestres et pendant que le grand système de Création parcourait ses diverses phases. Lamarck l’a employé aussi pour l’expression de ses vues hypothétiques, d’après lesquelles les espèces actuelles dériveraient des espèces qui les ont précédées par des transmutations successives d’une forme d’organisation dans une autre forme, indépendamment de toute influence d’un Agent Créateur.

    Il est important que la distinction qui existe entre ces diverses significations soit bien établie, afin que l’emploi fréquent qui a lieu du mot développement dans les écrits des physiologistes modernes ne fasse pas faussement croire à l’admission de la doctrine de la Transmutation, doctrine à laquelle il a été associé par Lamarck.