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DE LA RAISON ET DE LA RÉVÉLATION.

teur bien disposé une planche jetée entre la religion naturelle et la religion révélée[1]. »

« Après la connaissance d’un seul Dieu Créateur de toutes choses, a dit Locke, ce qui importait le plus à l’espèce humaine c’était d’avoir une connaissance nette de ses devoirs moraux. »

Et Bacon, celui dont le nom, du commun accord de toutes les nations, est placé au dessus de tout éloge, l’homme qui a découvert et fondé la philosophie d’induction, voici comment il exhale sa méditation pieuse : « Tes créatures ont été mes livres, mais tes écritures bien davantage encore. Je t’ai cherché dans les cours, dans les champs, dans les jardins ; mais je t’ai trouvé dans tes temples[2]. »

Ce sentiment, que nous venons de lui voir exprimer, lui était familier ; car on le retrouve partout dans ses écrits. Voici avec quelle chaleur il s’en exprime dans son immortel ouvrage[3] Concludamus igitur theologiam sacram ex Verbo et Oraculis Dei, non ex lumine Naturæ aut Rationis dictamine hauriri debere. Scriptum est enim cælie narrant Gloriam Dei, at nusquam scriptum invenitur, cœlie narrant Voluntatem Dei[4].

  1. Christian Virtuoso, 1690, p. 12.

    « La religion naturelle, dès qu’une fois elle a été saisie par l’esprit, constitue une sorte de fondement sur lequel doit s’édifier la religion révélée ; c’est comme une souche sur laquelle doivent être greffées les doctrines du christianisme. Aussi donc, bien que je reconnaisse assurément toute l’insuffisance de la religion naturelle, je la regarde néanmoins comme étant d’une très grande nécessité. Je croirais inutile de presser un incrédule d’argumens tirés de l’excellence de la doctrine chrétienne, qui prouve qu’elle est révélée de Dieu, ou des miracles qu’ont faits ses premiers apôtres pour en établir la vérité, si cet homme ne possédait pas déjà ces principes de la religion naturelle, qu’il existe un Dieu, et que ce Dieu récompensera dignement ceux qui le cherchent. » — Même ouvrage, deuxième partie, proposition première.

  2. Œuvres de Bacon, t. 4, p. 487.
  3. De augm. scient, livre IX, ch. I.
  4. Il n’est pas d’objection plus mal fondée, dit sir L. F. W. Herschel,