Page:Buckland - La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, 1838, tome 1.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
AVEC LES STRATIFIÉES.

Dans les roches cristallines non stratifiées, où l’on ne rencontre aucun débris animal ou végétal, ce serait en vain que nous chercherions quelqu’un de ces témoignages si évidens d’un plan qui ne commence à se révéler qu’au moment où se montrent les premières traces d’organisation et de vie, c’est-à-dire dans les couches de la période de transition. Les premiers agens qui aient imprimé sur ces roches des traces de leur passage sont le feu et l’eau ; et déjà là nous trouvons des preuves d’un système et d’une intention arrêtée dans l’ordre si parfait d’après lequel ces agens ont amoncelé au fond des eaux, suivant les conditions les plus favorables à la fertilité, les matériaux de ces mêmes formations stratifiées, qui plus tard devaient, en s’élevant, se convertir en terres fermes. Mais ce plan et cet arrangement dans un but prévu se montrent bien davantage encore dans la structure et la composition de ces élémens minéraux cristallins. Dans chaque molécule matérielle qui a été soumise à la cristallisation, nous reconnaissons l’action des lois immuables qui régissent les forces polaires et les affinités chimiques, et qui ont imposé à tous les corps cristallisés une série fixe de formes et de compositions, définies. Ces lois, ces systèmes, cet

    offrir le plus haut degré de probabilité ; mais comme les résultats demeurent les mêmes quelle que soit leur origine, les conclusions auxquelles nous conduisent ces résultats ne perdent rien de leur force par les changemens qui peuvent survenir dans nos opinions relativement aux causes physiques qui les ont amenés. De même que lorsqu’il s’agit de juger les plus beaux produits de l’art, nous pouvons apprécier l’habileté et le talent de l’artiste sans connaître à fond la nature intime du mécanisme au moyen duquel son œuvre a été accomplie, de même aussi notre esprit peut être puissamment impressionné par la vue de toute cette magnificence que l’intelligence créatrice s’est plu à répandre dans tous les phénomènes de la nature, bien qu’il ne puisse comprendre qu’imparfaitement tous les mécanismes qui les produisent, bien que l’action de tous les instrumens matériels qui concourent à leur accomplissement n’ait pu encore être saisie par la curiosité active de l’esprit humain, et doive peut-être lui demeurer à jamais ignorée.