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Luzerne. — La luzerne est une des plus anciennes plantes cultivées en prairies artificielles ; c’est la plus abondante en végétation de toutes celles connues. Suivant la convenance du sol sur lequel on la sème, elle donne annuellement de trois à cinq coupes. Ses facultés nutritives ne sont point équivoques ; nulle autre plante ne les possède à un plus haut degré. Mais son usage, comme nourriture, verte surtout, prescrit des précautions dont l’omission serait on ne peut plus funeste aux animaux qui s’en alimenteraient. Cette plante, qui contient beaucoup de parties aqueuses fermentescibles, si elle est donnée trop fraîche aux animaux, particulièrement aux ruminants, produit des effets on ne peut plus incendiaires. Pour prévenir tout inconvénient à ce sujet, il faut : 1o couper la luzerne le soir pour le matin, et le matin pour le soir, en calculant la quantité suffisante à consommer dans ces deux époques du jour : si on en coupait davantage, étant ainsi mise en tas, elle ne tarderait pas à s’échauffer et à fermenter, et le danger pour l’économie serait alors le même ; 2o dans le début, il faut mélanger ce vert avec moitié fourrage sec, ou foin ou paille, continuer ce mélange pendant huit ou dix jours, et plus si besoin est, avec l’attention de réduire graduellement la quantité de fourrage sec jusqu’à zéro. Il serait prudent, lorsque le temps est humide ou pluvieux, d’ajouter toujours une certaine quantité de fourrage sec, ce qui empêche les animaux de se dégoûter de cette nourriture verte, lorsqu’on la donne ou trop fraîche ou d’une manière inconsidérée, comme cela se montre assez souvent ; 3o l’entretien de l’appétit des animaux mis au vert exige encore qu’on leur en donne peu et souvent. Une trop grande quantité les dégoûte, et peut leur causer des indigestions ou d’autres maladies.