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Il est préférable et plus économique de faire consommer la luzerne en vert, donnée à l’écurie, que tout autrement ; car l’inconvénient qu’entraîne la récolte en sec, vu l’abondance de ses sucs, l’expose rapidement et pour peu qu’il pleuve, à se noircir et à s’altérer, au point de ne plus être considérée que comme une nourriture nuisible. On ne doit donc pas négliger la culture de cette plante fourragère, généralement reconnue comme ayant la faculté de donner en peu de temps de l’embonpoint aux animaux maigres et épuisés, comme augmentant de beaucoup le lait des vaches, etc. Le parcours des prairies en luzerne est très dangereux.; pour cette raison on ne doit pas en faire usage. Si le besoin l’exige impérieusement, il ne faut y envoyer le bétail qu’après avoir mangé du sec et avoir bu, qu’après que la rosée sera dissipée ; encore faut-il que la luzerne soit peu développée, qu’on tienne les animaux toujours en mouvement et qu’on ne les y laisse séjourner que peu de temps.

L’importance de cette nourriture pour l’entretien de nos animaux herbivores, nous porte à indiquer ici toute indisposition causée, ou par son usage longtemps continu, ou par des données inconsidérées, ou par l’effet de ses parties aqueuses fermentescibles.

Dans le premier cas, lorsque la luzerne, surtout verte, est donnée pour toute nourriture et en trop grande quantité, elle développe des pléthores sanguines à la tête, aux membres (fourbures) et autres parties de l’animal, qui sont souvent mortelles, même malgré les secours prompts qui peuvent être portés. Ces sortes de congestions se combattent par des saignées copieuses, répétées suivant le besoin, par des breuvages fortement acidulés, des douches d’eau froide, des pédiluves, des lavements.