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ressource de même faculté ou supérieure, ne peut être comparée à celle fournie par les céréales.

L’apparence d’une petite quantité de blé fait craindre la disette, met la désolation dans tous les cœurs, surtout parmi les habitants des campagnes, de qui tout autre mode d’entretien de la vie est en partie ignoré, qui même n’envisagent l’usage de la chair animale que comme tenant de la sensualité et de l’ostentation, par rapport à ce qui concerne la viande de boucherie, plus particulièrement le bœuf.

Combien d’exemples de fausses famines n’avons-nous pas sous les yeux, qui ont toutes pris naissance dans cet esprit d’égarement populaire, déterminé par la crainte de manquer de pain, de cette sorte d’inertie dans les facultés morales, dont l’effet paralyse la pensée, fait oublier les ressources sans nombre dont on est entouré, mais que l’imagination égarée n’aperçoit pas, que l’irréflexion, l’erreur, plus encore l’effet de l’habitude, éloignent ou rebutent. Dans les six premiers mois de 1812, à quels tourments n’avons-nous pas vu se porter l’égarement du peuple, à l’apparence disetteuse du blé, que la sagesse des autorités a su contenir assez pour éviter les excès et les malheurs. Cependant, les ressources étaient grandes, non en blé, mais en tous autres aliments, dont l’usage est malheureusement trop oublié et négligé. Dans tout autre pays, en pareille pénurie, la viande serait d’un précieux secours alimentaire ; mais en France, l’abandon de l’éducation du bétail, l’état chétif de nos races, le petit nombre des individus, le mettent dans l’impossibilité de pouvoir subvenir au manque de notre premier aliment. Cet état de dépérissement est une vraie calamité qui se fera davantage sentir si on n’y porte un prompt remède, si le gouvernement ne prend sous son aile protectrice cette partie