Page:Buisson - Du bœuf agenais.djvu/9

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IV

suasive, pour rappeler à de meilleurs procédés les hommes qui abandonnent au sort de l’abâtardissement, qui excèdent de travail ces pauvres animaux, que l’état de domesticité livre à leur pouvoir ! Non-seulement ils les épuisent, ils les énervent, mais encore ils les font fléchir sous les coups ; ils portent l’inhumanité jusqu’à les priver de la nourriture suffisante pour réparer leurs forces, ou ils leur donnent des aliments viciés ou altérés, plus capables de les rendre malades que de les restaurer. Hommes durs et impitoyables, pouvez-vous être assez barbares pour oublier, pour maltraiter ainsi les fidèles compagnons de vos travaux, les soutiens de votre existence, les réparateurs de vos pertes ? Un juste châtiment vous attend ; vous gémirez sur votre insouciance et sur vos emportements passés, en regrettant, trop tard, de vous y être livrés.

Des animaux si précieux, les voir ainsi oubliés et maltraités ! Ô vous agriculteurs et habitants des campagnes, vous à qui le soin de leur éducation est confié, n’abusez point de votre supériorité, traitez-les avec ménagement : ils l’exigent de vous, ils seront reconnaissants de vos soins, car ils apprécient le bien et le mal qu’on leur fait. Vous avez sous les yeux des exemples de leur dévouement et de leur bonté quand vous les soignez avec douceur ; comme vous les voyez furieux et vindicatifs, après des traitements durs et inconsidérés : aussi le service des uns est-il bien différent de celui des autres ; les premiers sont dociles, constants aux plus pénibles travaux et résistent longtemps ; tandis que les autres sont quinteux, ne respirent que la vengeance ; ils frappent les bonnes qui les approchent, travaillent toujours mal, se ruinent prématurément, et s’exposent fréquemment à des accidents mortels, etc.