Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/24

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rences soit à des modifications dans la nature du liquide, soit à l’anéantissement de certaines races, et à la création de nouvelles.

M. Brongniart, en créant récemment les expressions de périodes saturnienne et jovienne pour remplacer celles si diversement employées d’époques, ancienne anté-diluvienne, anté-historique, et d’époques actuelle post-diluvienne et historique, n’a pu éviter l’écueil contre lequel ses opinions l’ont dirigé : car s’étant toujours refusé à reconnaître une liaison graduée entre les événemens géologiques anciens et ceux qui se passent encore autour de nous, il a cru devoir établir deux classes de phénomènes distincts, qu’il appelle saturniens et joviens, et qu’il fait entrer dans deux périodes qu’il regarde comme tranchées et successives.

Cependant le savant géologue fait remarquer que, par exception, l’époque jovienne a pu ne pas succéder à l’époque saturnienne en même temps pour tous les points, et que pour l’Amérique, par exemple, le passage de l’une à l’autre a pu s’effectuer plus tard que pour l’ancien continent ; ce trait de lumière semble être l’expression d’une vérité générale, c’est-à-dire que les deux sortes de phénomènes, ou les deux périodes, ont commencé presque en même temps, et qu’elles se continuent encore suivant les localités. Nous n’aurions donc plus deux périodes, mais deux ordres de phénomènes :

1o Ceux qui ont eu lieu sous l’eau, pendant l’immersion du sol (période d’immersion) ;

2o Ceux qui ont eu lieu depuis la mise à sec du sol (période d’émersion).

On voit que les rapports de ces deux classes varient pour chaque localité. Il n’y a pas, de cette manière, de transition : les deux périodes sont séparées par une révolution (l’émersion).

Mais, répétons-le, cette distinction, réelle n’est plus une division dans le temps, c’est une distinction entre les résultats de certaines circonstances et ceux d’autres, circonstances qui se sont succédées pour chacun des points de la surface terrestre, d’abord immergé, puis émergé, mais à des époques très différentes pour chaque point. — La période d’émersion a commencé avec la formation des terrains primaires pour certains. — Il en est encore un plus grand nombre, ceux qui ferment une grande partie du fond