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Quoi qu’il en soit, Marbode, destiné à l’Église, reçut une éducation aussi complète qu’il se pouvait, et il en profita si bien, que ses talents littéraires le mirent en relief dès sa première jeunesse.

L’école épiscopale d’Angers, qui datait du ve siècle et de saint Maurille, était alors la plus célèbre de la France occidentale. On y voyait accourir, comme à Paris, à Chartres, à Reims, non-seulement tous les jeunes hommes des pays voisins, mais encore des Allemands, des Anglais, etc.

Marbode fut d’abord chargé d’enseigner l’éloquence sacrée, et cet enseignement eut bientôt tant d’éclat que Eusèbe Brunon, évêque, d’Angers, l’éleva à la dignité de maître-école, c’est-à-dire à la dignité de chef suprême et de directeur de tout l’enseignement. Jamais la réputation des écoles angevines ne fut telle : tous les contemporains le constatent, et leurs éloges sont si unanimes que beaucoup, parmi les historiens postérieurs, pensent que ce fut sous, la maîtrise de Marbode que les écoles d’Angers prirent le titre et le rang d’Université. Marbode eut surtout le talent d’exciter et d’entretenir une grande émulation entre ses élèves en leur proposant à traiter, dans une sorte de concours, une thèse commune, scientifique ou littéraire. Il y a dans le recueil de ses poésies un certain nombre de lieux-communs poétiques qui pourraient bien être un souvenir de ces concours : le thème de l’écolier revu et corrigé par le maître. C’est sans doute encore de cette époque qu’il faut dater ces jolies épigrammes, ces petits poëmes qui ne dépareraient pas une anthologie classique ; le Forgeron, le Vase brisé, vrais camées antiques d’autant plus séduisants qu’on s’attendait moins à les trouver dans un écrin du xie siècle.

Mais c’est très-certainement le zèle pédagogique qui lui dicta ses traités de rhétorique, et notamment l’Art Poétique, qu’il a dédié à l’un de ses disciples sous le titre : De orna-